Quand on parle du Paris-Roubaix, j’ai toujours de l’admiration pour cette course, ses grands noms, Coppi, Merckx, De Vlaeminck, Moser, Hinault, Madiot, Duclos-Lassalle, Boonen…
Surnommée « La reine des Classiques » mais encore « L’enfer du Nord« , elle accueille depuis des années les participants venus de tous pays et par milliers affronter les pavés chargés d’histoire.
Depuis longtemps je suis admiratif devant tous ceux qui ont fait le Paris-Roubaix.
Cette année, je me suis lancé le défi de relever ce challenge.
Avec mon ami Daniel, nous nous sommes inscrits pour le parcours de 170 km: quelle bande de fous; nous n’avions jamais essayé de rouler sur des pavés, et quand bien même, ceux que l’on trouve par chez nous, en Île-de-France, sont bien doux comparés à ceux des secteurs proposés.
Vendredi, je pars pour Lille, avec mon Genesis sous le bras pour prendre le train, j’arrive ensuite à Roubaix pour récupérer mon numéro de dossard au magnifique Vélodrome Jean Stabinsky, construit il y a deux ans à coté du mythique vélodrome de Roubaix.
J’y retrouve mon équipe de Rapha Europe aux abords du Mobile Cycle Club Franco, je discute un peu avec eux avant de repartir pour Lille. J’ai rendez vous avec des copains et je récupère les clefs de Samuel qui m’offre généreusement un toit pour la veille de ma course. Je le retrouverai plus tard car le gaillard à participé à la nuit du vélo et a réalisé plus de 430km en une journée (départ de nuit); une broutille pour lui, habitué qu’il est des longues distances: l’an passé il a participé à la Transcontinental Race…mais bon je m’égare.
Je vais donc découvrir Lille et ses environs, je passe chez Cycles Get Lost retrouver Mieszko qui est avec Matiq et son équipe ainsi que Gabriel le Reimois, de passage à Lille. Quelques paroles échangées puis nous partons direction le bar « le Monde Moderne » dans une petite rue parallèle à la Grand Place de Lille histoire de payer une dette (une bière) à quelqu’un.
Mais il se fait tard, je dois rentrer pour retrouver Sam chez lui et me reposer. En rentrant, je le félicite pour sa performance et le remercie pour son hospitalité. Je m’engloutis une portion de pâtes, et je m’endors pour un réveil quelques heures plus tard.
Le réveil sonne, c’est l’heure de se lever, la tête un peu dans le pâté je me prépare, et je décolle de l’appartement dans la nuit.
Je mets mon GPS en marche jusqu’à la gare et je me perds dans la banlieue Lilloise… Je vois l’heure avancer. Une fois dans la bonne direction, je donne tout, direction la gare. Mais voilà, je vois mon train partir et je suis encore à quai! Je reçois un SMS de Sam me demandant si j’ai réussi à choper mon train: négatif! On fait des plans pour que je puisse arriver à l’heure au départ car le train suivant n’arrivera à Busigny qu’à 9h30, soit 30 minutes après la fin des départs.
Pris de panique, je vais voir un taxi qui m’annonce l’aller 220€: ça me fait un électrochoc, je suis entre le dégout et le désespoir. Je décide d’appeler Daniel avec qui je vais faire le Challenge, je lui annonce la mauvaise nouvelle quand il me rappelle que les mecs de Baum Cycles sont à Hem, à coté de Lille. Je contacte Ajran qui accepte de m’amener sur la ligne de départ, puisqu’il était initialement prévu que l’on roule tous ensemble.
J’arrive sur le parking mon sac en bandoulière, au petit matin le vélo à la main; Arjan me salue et me présente à toute l’équipe. Je suis un peu embêté de les retarder. Le temps de mettre le vélo sur le toit à coté des Titanes Australien, les portières se mettent à claquer et les moteurs vrombissent. On est en route pour Busigny!
La pluie commence à taper contre les pare-brises des voitures qui filent à vive allure pour ne pas rater le départ. Pendant ce temps, Daniel, lui est arrivé sur la ligne, je le rassure en lui disant que je suis avec l’équipe de Baum en chemin et qu’on sera là dans peu de temps.
Ça y est, on regonfle nos boyaux à la bonne pression, j’ai écouté les précieux conseils de Stefan Rohner, Rapha continental rider (ayant 4 Paris-Roubaix a son actif) qui m’avait conseillé sur le choix des roues et des boyaux, je gonfle l’avant à 5,2 et l’arrière à 4,8 bars sous un crachin nordique et le vent souffle déjà. Il nous accompagnera jusqu’à la fin.
Voilà, les plaques avec nos numéros sont mises sur les cadres, je vais retrouver mon ami Daniel et nous partons en peloton de 10 courageux sous la pluie. Wind jacket, jambières, sur chaussures: il fait froid et nous avons seulement 10km avant le premier secteur pavé. C’est la première fois dans ma vie que je vois autant de Baum d’un coup !
Nous arrivons sous la banderole portant le numéro 27: c’est le premier secteur pavé, il est catégorisé » 3 étoiles » donc niveau de difficulté moyen.
Plus j’avance sur les pavés plus je vois des bidons, des chambres à air sur le bas coté, tel des cadavres jonchant sur les pavés, les personnes devant moi perdent des choses de leurs poches, ils s’arrêtent sans vraiment faire attention aux personnes qui arrivent derrière elles à vive allure. Des fautes d’inattention comme ça, j’en verrais tout le long des 170km.
On est secoué dans tous les sens, il pleut, je me rappelle qu’il ne faut pas serrer le guidon et le laisser aller mais c’est plus fort que moi, je m’agrippe au cintre, je n’ai jamais rien vécu de tel auparavant! Je suis secoué frénétiquement et de manière complètement anarchique, comme un tambour de machine à laver. Il faut appuyer sur les pédales et ne pas s’arrêter jusqu’à l’asphalte. Je sens que ça va être une sacrée journée.
Le ton est donné, on sort du secteur pavé complètement ahuri, « C’est que 3 étoiles ça?! « Pour certains, c’est LA première fois.
Deux secteurs plus loin, ce sera un des plus long secteur pavé qui nous attend, celui de Quiévy à Saint Python. 4 étoiles pour celui ci, je perds à mon tour les boyaux que j’avais précautionneusement accrochés à mes rails de selle. Je laisse filer le peloton, le temps de porter mes boyaux à l’ancienne, sur les épaules. Ils ne bougeront pas et ne tomberont pas non plus comme ça. J’entends au loin une voix qui m’est familière,
« T’as voulu faire Paris Roubaix hein connard! »
Je me retourne et je vois Brax voler au dessus des pavés du secteur. Il me dépasse aisément, le bonhomme tient une forme olympique et connaît les pavés, il avait fait le challenge l’an passé également. Une fois le secteur fini, je le rattrape on parle un peu, et on traverse quelques secteurs pavés avant qu’il ne file à l’avant…
À suivre…
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