Le BRM 300 de Villepreux

La tête, les jambes…

Parfois, on pense être au bout de ses forces, mais le mental prend le dessus et les coups de pédales deviennent mécaniques, ce BRM illustre selon moi à merveille le nom de ce blog.

Il est 2 heures du matin je n’ai dormi que deux heures, je me lève et retrouve Benoît qui sera mon compagnon de route pour ces 300 kilomètres. Les vélos sont installés sur le porte vélo et on part direction Villepreux.

départ Nous arrivons dans la commune éclairée par des faisceaux lumineux, les premiers cyclistes sont partis, nous récupérons nos cartons de pointage, faisons vérifier nos éclairages et nous partons parmi les derniers. Il est 3 heures 50, il fait froid nous nous félicitons d’avoir pris nos jambières et sur-chaussures avec nous. L’avancement, de nuit, se fait progressivement. Nous quittons peu à peu l’agglomération. Après une crevaison avant et un garde boue arrière qui a perdu une vis, nous sommes seuls dans la pénombre enveloppante que nous matraquons de nos lumières vives. Au loin on distingue aisément les villes illuminées, qui donne l’impression d’être des coupoles de lumière. Le soleil est joueur, nous le distinguons l’espace de quelques kilomètres avant qu’il ne se cache à jamais derrière les épais nuages chargés de pluie qui nous guettent depuis notre départ. Les plaines nous offrent leur fraîcheur et leurs champs de colza, le paysage sera rythmé par le jaune des champs.

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Jusqu’ici tout va bien. Le froid est encore présent il fait 5 degrés, on s’arrête pour remplir nos bidons dans un cimetière. Quelques instants auparavant nous voyions une entreprise gardée par un chien une chèvre et un âne. Non non, je n’ai pas de problème, et vous avez bien lu, une entreprise a un âne de garde en Picardie! Le plus étrange est que nous ne croisons aucun autre concurrent du BRM, où sont passés ces gens que nous avons croisés au départ ? La question demeurera tout le long de la route… Nous arrivons à quelques kilomètres du premier point de passage, au loin nous distinguons un point jaune. C’est une côte en faux plat de plusieurs kilomètres que nous arpentons pour enfin rattraper un « camarade » de route, mais c’est bref, nous le saluons et 800 mètres plus loin le premier checkpoint est déjà là. J’immortalise le fait que je suis arrivé à Marseille, d’accord, pas celui que l’on aurait pu s’imaginer avec son vieux port et la Canebière mais c’est assez exotique pour un village Picard. Les membres de l’association de Villepreux nous tamponnent et nous rendent nos cartons jaunes après nos premiers 108 kilomètres: il est 8h. On apprend alors que nous n’étions qu’une quarantaine au départ ce matin. Après avoir rempli nos gourdes, nous quittons Marseille en Beauvaisis, saluant les courageux bénévoles du club. Le vent commence à souffler sur les plaines.

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Je constate que la sacoche que j’ai installé sur le tube horizontal me gêne lorsque je me mets en danseuse, je la touche chaque coup de pédale, ça va surement être difficile de terminer la journée ainsi… La pluie et le vent s’invitent au ride et commencent à interférer sur notre motivation. Nous retrouvons un petit groupe de gilets jaunes aux abord d’une ville, mais nous les laissons derrière nous, il semblerait qu’ils aient une crevaison. Les vélos De Rosa, Time, et autres Cyfac sont au rendez-vous, je ne suis pas mécontent d’être un le seul « jeune » à rouler sur acier avec mon Genesis. Le second point de passage Autheuil / Authouillet se fait dans une auberge, au kilomètre 188, après une horrible côte, les poids lourds nous dépassent, et le dénivelé ne cesse d’augmenter. Arrivés au contrôle en sueur, on apprend que l’on a doublé la moitié des participants! On mange nos sandwichs, on retire gilets et vestes, un café puis on repart.

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Direction le sud pour le troisième contrôle, la pluie, le vent, les bosses… Étrangement nous ne parlons presque plus, nous subissons, le moral dans les chaussettes. On peine à avancer contre le vent, les reliefs que l’on distingue au loin nous laissent imaginer que nos efforts seront encore rudes. Mes genoux me font mal à cause de cette maudite sacoche sur le dessus du top tube, j’ai l’impression que le cartilage est matraqué par un marteau à chaque coup de pédale. Je souffre. Avec Benoît nous sommes au fond du trou… nous essayons de nous abriter l’un et l’autre du vent, mais je suis un poids mort pour lui. Meilleur grimpeur que moi, il parvient à s’envoler a des centaines de mètres au devant. Certains cols, si je peux les appeler comme ça, sont en lacets. Ils nous cassent les jambes après chaque ascension. Pas le temps de se reposer.

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On arrive de nouveau sur des plaines et le relief semble s’apaiser un peu, on profite des descentes pour s’économiser, mais les faux plats nous fatiguent. Nous traversons des petits villages où le temps semble s’être arrêté depuis des décennies. Nous arrivons enfin à Epernon kilomètre 265, la batterie du Garmin commence à lâcher (il faudra que je trouve une solution pour les BRM plus longs). Nous sommes accueillis par les membres du club sous leur petit Barnum, polaires et vestes imperméables du club sont de sorties, mais les sourires sont là. On papote un peu entre pâtes de fruits et remplissage de bidons. Je me dis qu’il ne reste plus que 45 kilomètres, c’est un ride du Mardi, un red carpet. On les remercie encore et partons sous la pluie battante. Et là, une fois arrivé à hauteur d’un panneau je vois que l’on est dans la Forêt domaniale de Rambouillet, je reconnais la maison, notre territoire, notre aire de jeux et de découverte, la Chevreuse. Comme dirait Dada :

« On est à la maison »

Le simple fait d’être dans ce milieu familier me redonne de la force, mes coups de pédales se font plus rapides et plus intenses encore, je ne pense plus à la douleur. La pluie et le vent, nous fouettent le visage et les jambes. Mais nous traversons la Chevreuse, à coup d’attaques. Bravant les éléments, seuls contre tous, tel des kamikazes donnant tout, nous croisons d’autres courageux sous la pluie qui doivent faire une petite sortie en club. Les automobilistes agacés par nos attaques essaient de nous doubler mais en vain, nous maitrisons nos trajectoires en descentes sur l’asphalte trempée. Notre vitesse ne cesse d’augmenter, quand nous arrivons à quelques kilomètres de l’ultime difficulté: Neauphle-le-Château, dernière bosse de catégorie 4 du parcours. Je préfère ne pas regarder la difficulté dressée devant moi, je fixe du regard la roue arrière de Benoit et me hisse. Le feu passe au vert comme un top départ; ça tombe bien, je ne peux pas arrêter mon effort. Je double Benoît, et le hisse à mon tour en haut de cette satanée côte! Et je l’entends me dire :

Mais tu les sors d’où tes jambes?!

Je n’en ai aucune idée, après ce rythme effréné, je pensais ne plus rien avoir dans le sac, c’est une réalité, je n’ai plus rien, mais la tête est là. Je ne parle plus, je reste concentré sur l’ascension. Benoit parvient à faire son meilleur second temps sur la côte, alors que c’est habitué des lieux, c’est dire! Je suis fier de moi, étant toujours en difficulté dans les côtes de par mon gabarit. C’est le sourire au lèvres que l’on arrivera à Villepreux en la jouant au sprint sur les derniers mètres. On obtient notre ultime coup de tampon et nous terminons 10ème et 11ème de ce BRM. Au final on aura passé 11 heures 50 sur la selle, pour 310 kms, plus de 2600 m de dénivelé positif et une vitesse moyenne de 26,3 km/h.

wpid-wp-1430816360372.jpeg BRM 300 Merci à Benoît, aux organisateurs et bénévoles de ce BRM.

        

Trace GPX du parcours disponible ici

4 réflexions sur « Le BRM 300 de Villepreux »

  1. T’écris bien dis donc. Comme tes jambes, je n’ai pas décroché 😉

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    1. Capitaine Caviar 6 mai 2015 — 9 09 50 05505

      La prochaine fois, fais le en PF, histoire d’y mettre de l’intérêt

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      1. J’ai envie de te dire que ça reste du cyclisme et ça a de l’intérêt Capitaine Caviar 😉

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  2. Maturité, kilomètres enquillés et juste du kiff. J’imagine que c’est ce même intérêt qui motivait Patrick Plaine… Rdv aux 400

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