Mes compagnons et moi sommes réveillés par la pluie. Nous nous habillons, essayons de choisir avec précaution nos habits pour la journée, vestes softshell imperméables ou veste de pluie, sur-chaussures ou non, gants, mitaines ou rien du tout, base layers, avec ou sans jambières, tour de cou et casquettes, de toute façon, tout sera trempé dans une demi heure…
Les premiers kilomètres se font groupés, après le brief de la journée donné par Johan.
La journée sera longue et humide.
Rapidement nous sommes couverts de boue sableuse, je pensais avoir vécu l’enfer du nord lors de mon Paris Roubaix, je vous avoue que là, c’est pareil mais sans les pavés. Mes pieds sont déjà trempés et il reste 170 kilomètres avec plus de 2600m de dénivelé positif.
Le froid et le vent nous font trembler, il faut avancer, on goutte, les dérailleurs ne répondent plus aussi bien avec ce sable qui s’incruste dans la cassette et la chaine. On essaie des solutions, comme arroser la cassette pour la nettoyer de toutes ces cochonneries, en vain. La pluie se fait de plus en plus forte, nous sommes trempés mais nous continuons.
Le sable s’incruste partout, sur les sur-chaussures, les jambes, les bras, je ne sais plus quelle partie de mes gants utiliser pour m’essuyer le visage sans m’arracher la peau.
Je bois et je mange du sable, mes bidons en sont couverts. Plus tard après le premier ravito, je tombe sur un groupe de 3 mecs: il s’agit de Klas, David et Hagen, rencontrés hier soir à table. Nous nous apprivoisons sur quelques kilomètres et nous resterons ensemble jusqu’à la fin du périple.
Nous arrivons aux plus grandes difficultés, la Suède ce n’est pas plat… certaines bosses sont à 21% elles sont courtes et incisives, les jambes brûlent. Il faut pourtant avancer, si tout était sur l’asphalte, je ne m’en plaindrai pas mais là… Sur le gravier, le sable, grimper de telles ascensions est dingue, j’en lève ma roue avant, tandis que je mes vitesses craquent et sautent. Nous arrivons en haut essoufflés, on sourit et on repart, on rêve de pizza et d’une boisson chaude.
Hill Yeah!
Plus que quelques kilomètres et nous trouverons un petit village. Il nous faut du sucre rapidement, nous tombons sur un petit salon de thé super cosy sorti de nul part, certains y sont déjà à commander. Leurs vélos sont dehors. Nous y commandons du café et des pâtisseries, les tapis au sol se gorge d’eau et de sable que nous évacuons malgré nous, les assiettes en porcelaines et le lieu font penser à un décor d’Alice au pays des merveilles. La gérante très polie nous reçoit en nous disant que malheureusement, elle n’avait pas de place disponible pour que nous puissions nous installer. En même temps on aurait bousillé tout son intérieur propret. On entends qu’il y a une pizzeria à 10 kilomètres de là. Le Coca, le café et les pâtisseries englouties nous repartons dans le froids pour 10 kilomètres de gravel. À peine arrivés, nous nous faisons photographier par une dame pour le journal communal, nous rentrons dans le super marché qui jouxte la fameuse pizzeria, nous achetons des barres chocolatées et des gants en latex jaune pour la vaisselle pour garder nos mains au chaud et à l’abri de la pluie et du sable. Nous retrouvons d’autres gars qui ont eu la même idée que nous. Les pizzas sont pas chères; on commande, on se découvre pour ne pas garder ces affaires trempées sur nous, on avale ces pizzas comme si nous n’avions pas mangé depuis des semaines. Il faut repartir, nous avons saccagé la pizzeria de ce pauvre homme avec nos vêtements trempés pleins de boue et de sable.

Les coups de pédales sont difficiles, mon genou me lance, je ne cesse d’appuyer sur les pédales avec ces routes gravillonneuses. Nous arrivons face à une des plus grosses côte de la journée. 21% de terre trempée, ça ruisselle, des rochers sont apparents, j’essaye de changer de vitesse et après un claquement je sens que mes coups de pédale ne me font plus avancer. J’ai cassé ma chaine…
Vite je retire toutes mes couches de gants et je rattache cette maudite chaine qui ne ressemble plus a grand chose.
Je finis par monter la bosse à pied, en marchant dans des flaques d’eau, portant mon vélo sur l’épaule,
comme en cyclo-cross. Mon genou me fait trop mal et j’ai encore des kilomètres devant moi.
Péniblement je me hisse jusqu’au sommet avec mes chaussures de route et j’aperçois mes compagnons de route
qui m’attendent. Je leur présente mes excuses et leur explique que mon genou est douloureux.
Ils feront un travail de co-équipiers jusqu’au bout de la journée.
Nous sommes à presque 20 kilomètres de l’arrivée, nous sommes recouverts de boue et la pluie à cessée,
nous commençons à être secs. Mais l’esprit malin de Johan Björklund nous réserve encore de belles surprises!
À 5 kilomètres de l’arrivée, 110 kilomètres de gravel plus tard nous nous retrouvons face à des routes routes complètement inondées.

On s’arrête puis on rigole, on est épuisé, alors on ne réfléchit plus trop, on fonce dans le tas, on se retrouve à traverser ces mares d’eau croupie orange. Le seul avantage c’est que ça nettoie la boue et le sable que l’on a sur nos chaussures et nos jambes, on ne sait pas ce qu’il y a dedans et quelle est la profondeur, on le découvrira bien assez vite, puisqu’on se retrouve avec de l’eau jusqu’aux genoux parfois.
À bon port, on se lave habillé, on essaie de retirer les grains de sables incrustés sur nos fringues et dans nos cuissards et autres vêtements, mais c’est impossible, c’est l’aventure. On rigole comme des fous devant la tonne de sable que l’on évacue dans nos douches. Le soir après avoir mangé comme des affamés, on retourne dans nos chalets avec un couché de soleil magnifique, les nuages d’eaux s’en vont au loin laissant le ciel dégagé pour demain.

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