Pendant une semaine j’ai troqué mon vélo de route pour un VTT.
Oui vous lisez bien, un Vélo Tout Terrain. C’est la première fois que je monte sur ce genre de vélo, avec une fourche suspendue et des roues de 29′ et des pneus à crampons. Du 27 Avril au 6 Mai, j’étais dans le désert Marocain avec Thibaut aka A Fish on a bike, pour vivre l’une des courses de VTT des plus difficile au monde. Il s’agit en quelque sortes d’un Paris-Dakar mais à vélo. Une course folle de 6 jours avec 625 kilomètres et quelques 7000m de dénivelé positif.
La Titan Desert est une course qu’on ne présente plus en Espagne et dans le milieu du VTT. J’ai eu la chance de participer à la 13ème édition, avec plus de 600 participants venus du monde entier, 24 Nationalités représentées, de 16 à 71 ans. Pour les espagnols, si tu fais du VTT, tu dois faire la Titan Desert, elle est considérée comme LA course ultime, à faire au moins une fois dans sa vie. Voici mon histoire…
Vendredi 26 Avril, Thibaut me retrouve à la maison avant de partir direction Paris Orly pour notre vol prévu à 19h30 direction Casablanca et correspondance pour Ouarzazate. On speede, on reste bloqué dans les bouchons sur le périphérique pendant 1h50, on stresse, on rate notre vol, on re-stresse et on est dégoûté… On remonte en voiture pour rentrer bredouille en se disant qu’on ratera la première épreuve… Le téléphone sonne, on est sauvé, on est transféré sur un charter à Barcelone. Vol d’Orly à 21h30 direction Barcelone pour prendre notre vol charter prévu à 6h. Soit une nuit blanche pour moi car l’enregistrement est à 3h15.
Samedi 29 Avril
On décolle après une nuit quelque peu mouvementée pour atterrir à Ouarzazate et prendre le bus pour arriver sur le lieu où tout va commencer : l’hôtel Xaluca de Boulmane Dades.
Je retrouve à mon arrivée Théo Bayssat qui nous explique les démarches à suivre, comme le retrait dossard, la balise GPS, le check du Camel Back, la photo protocolaire, le montage des vélos, etc.
On se familiarise avec le village participants, le restaurant, la chill zone, l’espace mécanique, les douches, les WC, et notre haimas (tentes marocaines où tous les participants dorment).
Pas une minute à perdre, il faut monter les vélos que nous avions envoyés 10 jours auparavant. Je fais mon premier montage tubeless dans le désert. Je ferai la course avec des Hutchinson Skeleton. Cadel Evans passe. On commence à discuter un peu, je lui explique que c’est la première fois que je vais faire du VTT, il rigole et me souhaite bien du courage pour la course. Le champion du monde de VTT et vainqueur du Tour de France a de la bouteille et sait de quoi il parle… Je n’ai vraiment aucune expérience dans ce domaine, je sais juste que le Cannondale prêté par mon ami Romain sera très bien. Puis entre nous, je ne suis pas là pour faire un temps, une place, mon but est de finir la Titan Desert et d’en profiter au maximum!
Il est 16h, je retrouve une partie du groupe des Français, ça me permettra de tester le vélo (Conseil : ne faites jamais ça, testez le vélo avec lequel vous allez faire des kilomètres pendant plusieurs jours bien avant l’événement. Et ne faites pas comme moi, ne partez pas à l’arrache complet. Je n’ai pas eu le temps de tester le vélo avant de l’envoyer au Maroc et je n’ai donc pas pu faire mes réglages avant. Tout à été fait en last minute ! Du grand n’importe quoi.). Je retrouve Stéphane Diagana, Julien, Aude, Greg, Victor, Laurent, Carlos, Henri-Jean pour tester un peu les vélos. Après une petite boucle et deux crevaisons, nous rentrons pour le débriefing de la Titan, diner et saluer Cadel Evans avant la course demain.
Dimanche 29 Avril, Étape 1
Réveil à 6h00 les participants sont réveillés par cette chanson :
Et ça durera pendant une semaine. J’aimais bien cette chanson avant la Titan, moins sur que je l’apprécie une semaine plus tard…
Comme tous les matins, le petit déjeuner ouvre de 5h30 à 7h30. Les participants sont libres de faire ce qu’ils souhaitent avant de prendre le départ. Ils remplissent camel back et bidons avec de l’eau de source sur des tables mises à disposition et s’enregistrent pour prendre le départ de la course à l’espace participants grâce à leur bracelet à puce fourni la veille.
8h00, le speaker annonce le départ et souhaite une bonne première étape aux participants. C’est le départ vers l’inconnu pour moi, je flippe un peu face à ce monde nouveau qui vient de s’ouvrir devant moi.
Le sable se fait poussière et les groupes de niveaux se créent déjà après moins d’un kilomètre. Ça commence à se placer et à rouler. Aujourd’hui au programme c’est 115km et 2600m de dénivelé. Des paysages à couper le souffle. L’Atlas avec son sommet enneigé nous domine. Nous grimperons à 2300m d’altitude, passant les différents check points obligatoires sous peine d’être pénalisés.
Freins à disques hydrauliques, fourche suspendue, géométrie dont je n’ai pas l’habitude et cintre plat, les sensations sont nouvelles pour moi. Je prends mes repères peu à peu lors de cette étape annoncée 5 étoiles sur le seuil des difficultés. Les ravitos d’eau sont incroyables : de l’eau fraiche et du Powerade en plein milieu du désert. L’organisation est incroyable, le parcours est fléché et tout est bien indiqué.
Thibaut reste avec moi et me donne quelques conseils pour mieux gérer les descentes, et les obstacles sur le parcours, quelle position adopter sur le vélo etc. Mais malheureusement l’inévitable arrive : ma pédale tape une pierre et je fais un vol plané à 35 km/h. Je me retrouve un peu sonné, je nettoie ma plaie avec un peu d’eau de mes bidons et on repart. Les participants qui m’ont vu chuter préviennent Thibaut un peu plus loin, l’état d’esprit est à la bienveillance entre participants.
On arrive à la dernière difficulté, une pente à plus de 15% sur plusieurs mètres. Je suis à 6km/h dans l’ascension, il fait de plus en plus chaud, c’est un mauvais moment à passer, ça ira mieux après ! Une fois sur le plat, on mets tout à droite et on fini cette première étape un peu lessivés.
Lundi 30 Avril : Étape 2 marathon 1/2
Réveil :
Après une nuit bien méritée et complète, nous installons notre barda sur nos montures pour la fameuse étape marathon ( il faut prendre toute les affaires nécessaires dont on aura besoin pour la journée, ceci inclus, nutrition, vêtements, duvet, matelas, etc… Heureusement que nous avons nos Apidura, j’en vois très peu sur le départ, je me dis qu’en VTT ça doit trop secouer pour qu’elles restent en place.
Au programme : 115km avec 1500m de dénivelé, toujours dans les montagnes. Le désert Marocain est pour plus tard. Une grosse difficulté aujourd’hui avec la bosse de la Piste de Tizi Tazazert qui monte jusqu’à 2170m et qui a des allures d’Alpes d’Huez en plein désert. Une fois la bascule faite, c’est ultra roulant, de la descente principalement sur 70km.
Je mets les gaz et perds Thibaut, une petite pause et je le retrouve. L’épreuve semble plus difficile pour lui, que je ne l’imaginais. Problème avec la selle… J’adapte le tempo et ramène mon coéquipier à bon port. Au loin je crois voir un mirage, mais non, il s’agit bel et bien du bivouac qui semble minuscule. Il reste plus de 4 kilomètres, vent de face. Thibaut s’accroche dans ma roue. Nous arrivons au bivouac, Théo nous attend. Nous avons perdu quelques places au classement général, mais nous restons dans le premier tiers.
Une fois arrivés, direction la douche. On installe nos couchage pour la nuit sous l’une des deux énormes tentes qui accueille les 600 participants. Cette fois, pas de matelas, pas de couette, pas de confort sauf si vous avez prévu le coup dans vos sacoches. Pour ma part, j’ai opté pour un duvet que j’ai commandé en speed avant de partir sur Amazon (je partage car il pèse 500g et est ultra compact, il s’agit du Loftra Light 500, idéal pour le bike packing). Thibaut lui à opté pour un matelas gonflable et un sac à viande, il dormira habillé, la nuit s’annonce très fraiche, 4°C et du vent.
Mardi 1er Mai : Étape marathon 2/2
Réveil :
Après une courte nuit, le départ est donné à 8h00. L’organisation annonce du vent pour aujourd’hui. Je perds ma trousse de toilette en passant par le coté des pistes pour éviter les autres participants qui ne roulent pas à mon rythme. Cette étape est le début des premières dunes, la découverte du désert, nous quittons les hautes altitudes pour le plat. Le début de l’épreuve est très roulant je perds Thibaut en restant dans un groupe ou l’on travaille en relais. Je l’attends au CP, il arrive dans un second groupe, on s’accroche et je me retrouve seul après avoir passé des bancs de sables, mes pneus sont trop gonflés. Je m’arrête pour améliorer la pression et je perds le groupe, je me retrouve seul face au vent avec ces bancs de sable à traverser. Je découvre les joies du sable… Au loin, un point rose, c’est Thibaut. À ma droite, rien. À ma gauche, rien, hormis une chèvre perdue. Derrière moi, un gros peloton… Je continue, l’organisation à décidé de mettre certains check points en haut de certaines dunes. Je retrouve mon collègue, on en profite pour faire des blagues pendant nos relais à travers les mirages… « C’est encore loin la mer? Parce que la plage est infinie ».
La chaleur commence à se faire ressentir, un camion de l’organisation nous dépasse et nous encourage, un ravito en eau supplémentaire est mis en place. Nous traversons pendant de longs kilomètres le désert, les arbustes sont aussi arides que le climat. Rien de sympa, sauf les participants. Les bancs de sables et les petites dunes se répètent et se ressemblent… Pendant cette traversée nous nous retrouvons avec les pneus criblés de tête d’arbustes remplis de petites épines, le produit tubeless fait effet, la pression ne bouge pas et les pneus tiennent le coup.
Nous parvenons au dernier CP le paysage change déjà, l’épreuve marathon approche à sa fin. Le bivouac est monté, encore une fois l’organisation est incroyable. J’achète une brosse à dents et je troque mon jersey contre un micro pour passer devant la caméra et présenter le bivouac pour la vidéo de la Titan.
Mercredi 2 Mai : Étape 4
Réveil :
Départ à 8h00. Eh oui, il y a des choses qui ne changent pas.
Tandis que les premiers se tirent la bourre au loin, nous restons dans les roues à un rythme plus tranquille afin de récupérer un peu. Le paysage change de nouveau, nous traversons des plaines remplies d’ardoises. La monotonie du désert s’efface peu à peu pour laisser place aux montagnes.
Ce soir, nous arriverons à Merzouga. Le bivouac est juste aux pieds des dunes. Ça s’annonce dingue!
Le vent est encore de la partie, on essaie d’y aller tranquille aujourd’hui.
Les organisateurs ne nous facilitent pas la tâche encore une fois en installant un ravito en haut d’une dune avec une antenne aux allures de Mont Ventoux du désert.
Une fois passé, on retombe sur des bancs de sables qui cassent notre rythme, puis de retour sur les piste on embraye et on se lâche sur les derniers kilomètres. Thibaut fait des jumps à travers des villages servant d’abris aux chèvres.
L’arrivée est proche, nous longeons les dunes, croisons des chameaux, nous nous trompons de direction pensant raccourcir un peu mais nous arrivons en plein dans des dunes, (ça arrive quand on n’a pas de fond de carte…). On pousse alors les vélos sur plusieurs centaines de mètres sous le soleil brûlant. Le sol deviens moins meuble, je bifurque à complètement pour trouver une surface roulante. Puis on voit Victor et Carlos pousser un participant qui a cassé son dérailleur et une partie du cadre. Ils ont fait ça pendant 12 kilomètres ! Nous contournons les routes principales pour passer derrière les villes alentours pour avoir un avant goût du sable qui nous attends demain pour l’épreuve de navigation Garmin. On s’enlise dans ces passages où le sable est tellement fin que le vélo guidonne et vrille sur lui même jusqu’à changer la trajectoire. Je suis obligé de descendre du vélo pour le pousser, je n’ai pas la caisse pour courir sur ce genre de sable fin qui pénètre dans mes chaussures et me compresse les orteils alors que je vois Thibaut filer au loin. Je sature. Je suis à deux doigts de craquer et ce n’est que le début de ce genre de terrain.
Incroyable aventure, vous avez beaucoup de courage !
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