Cela fait déjà quelques temps que j’entends parler de la Haute Route, le plus gros coup de projecteur de cet événement est naturellement le documentaire de Bryan Fogel – Icare.
Cette fois j’y participe, et pas n’importe laquelle, je choisis un format de 7 jours dans les Pyrénées, ce sera du 18 Août au 25 Août. J’ai tellement hâte de retourner dans les Pyrénées! Ces cols je les ai découvert seulement l’an dernier et j’en suis tombé amoureux, comment rester de marbre devant tant de beauté, merci Yoann et Lucien pour ces moments magiques.
Je sais que ce sera difficile, mais je ne suis pas là pour faire la course, finir la haute route sera mon objectif, on verra la suite. Je n’ai pas eu d’entrainement typé montagne cette année, et mon gabarit n’est pas celui d’un grimpeur mais je me sens pas trop mal, et puis par dessus tout, j’aime la montagne pour ce qu’elle représente. Un jour tu peux la dompter et le lendemain elle te fera sentir minable, elle t’ouvre ses bras face à la splendeur de l’horizon, ou les refermer pour ne laisser qu’une visibilité de 20m dans un épais manteau de brouillard. La montagne me fascine et me fait me sentir tellement petit face à elle…
La veille du premier stage, le briefing est donné par l’organisation afin que tout le monde puisse connaitre les moindres détails du déroulement de la journée à venir, Fergus est le speaker de la Haute Route, un anglais vivant dans les Alpes depuis quelques années avec une bonne dose d’humour, il sait et saura encourager les participants.
Stage 1 – PAU – PAU
L’étape 1 nous mets tranquillement dans le bain, une jolie boucle qui part de Pau et fini à Pau, 150km et 2700m de dénivelé, avec les trois difficultés de la journée Col de Labays, col de Bouesou et Marie-Blanque.
Sur le papier rien de bien méchant, mais la veille au briefing Jef le directeur de la course nous à briefé sur le fameux Marie-Blanque, C’est un col progressif mais qui est aux pourcentages fort. Les Pyrénées en somme.
Je croise sur la ligne de départ au milieu de 300 participants, un visage familier il s’agit de Gretchen Miller, membre du RCC Londres que j’avais déjà croisé sur l’étape du tour, c’est une aficionados des Hautes Routes. Son conseil, suivre la lanterne rouge jusqu’au kilomètre 50/60 au pied du col.
Je fais donc connaissance avec Adrien sur quelques prises de relais, Gretchen me dit : « pourquoi tu te mets devant a prendre les relais, tu vas te fatiguer, laisse Adrien (aka Ade) travailler ». Je ne l’écoute pas et sur ces parties plates, je me cale devant lui et nous travaillons ensemble pour emmener le deuxième peloton jusqu’à celui de tête, il me salue et retrouve l’arrière du peloton pour faire son travail de lanterne rouge de la Haute Route.
À peine arrivé déjà remarqué… Une autre personne du RCC m’interpelle et me demande si c’est bien moi Julien, il s’agit de Ryan, un américain vivant à Amsterdam, quelques semaines auparavant certains de ses amis étaient venus nous rendre visite à Paris en ayant rouler Amsterdam Paris, et ils lui ont dit du coup de rouler avec moi, mais Ryan doit faire 15 kilos de moins que moi, je ne sais pas si mon niveau me permettra de le suivre. Quoiqu’il en soit nous roulons ensemble on verra bien à la longue.
Je discute avec deux trois personnes, dans le peloton, lance quelques vannes en voyant un coureur portant le maillot de l’AG2R, du style : « Si Romain Bardet est avec nous aujourd’hui, c’est qu’on est pas si mauvais que ça ! Aller ! »
La bonne humeur est présente dans le peloton, ce qu’il faut savoir c’est que sur les 7 jours, les gens sont plus prudents que sur les courses courtes et l’esprit de compétition n’est pas vraiment présent sauf dans le top 20 des coureurs, aucune chance pour moi donc.
Les premiers cols s’avalent, je prends des photos, continue mon rythme et je me retrouve face au col de Marie-Blanque, qui commence fort, le pourcentage est de plus en plus élevé au fur et à mesure des kilomètres, 8%, 9%, 10%, 11%, 13% de moyenne! Je sais que je vais perdre mes camarades Benjamin et Pierre du Gran Fondo Nice avec qui j’avais commencé à discuter… Je fais la bascule et me retrouve seul pendant les derniers long kilomètres qui me semble interminables seul, face au vent, les crampes commencent à se faire sentir. Je fais 15 kms à 40km/h de moyenne en espérant les retrouver mais rien à faire. Quand je me retourne je vois une moto et un peloton en file indienne. Je me débats encore pour ne pas me faire rattraper mais comme on le sait, ça ne marche jamais même les pros se font avoir. C’est cuit, mais j’entends crier : « J!!!!! » Je me retourne, et qui est en tête de la locomotive infernale? Gretchen! La seule nana est entrain de mener de pack comme une chef.
J’essaie de me greffer, ca tient pendant 5 kilomètres mais les derniers tape culs auront raison de moi, je n’ai pas assez mangé salé et la crampe arrive… Je lève alors le pied alors que la ligne d’arrivée est à 1 kilomètre… Voilà première journée passée comme un bleu! Je me place 120ème au classement général.
J’arrive au village, je pose le vélo au parc, me fais tamponné ma carte de coureur pour aller manger et je book un massage pour après. Je mange en compagnie d’Hervé et de Laetitia sa femme qui l’accompagne. Hervé est coach et surprise, aussi membre du RCC, je l’avais rencontré en septembre dernier lors du Prestige que j’avais organisé en Alsace. Il en est à sa 4eme Haute Route, il est devenu complètement mordu de cet événement de l’ambiance qui s’en dégage, il m’explique un peu comment ça se passe pour lui suite a son expérience. Le repas englouti, je file au massage et je vais en direction de la première table disponible, la masseuse s’appelle Muriel, elle aussi n’en est pas a sa première Haute Route en tant que masseuse, elle connait des personnes que je connais, on sympathise malgré le fait qu’elle me travaille les cuisses et les mollets comme jamais. Je sais que ça fera un bien fou plus tard, et que c’est que le début!
Je rentre alors ensuite à l’hotel à Pau pour me reposer un peu et assister ensuite dans la soirée au prochain briefing…
Stage 2 – PAU – HAUTACAM
Pau Hautacam, ca sonne comme cette terrible étape du tour d’il y a quelques années qui avait fait tomber les participants comme des mouches en hypothermie, j’avais été spectateur de cette étape derrière mon écran et des proches m’ont raconté leurs expériences et j’avoue que rien que le nom donnait des frissons dans le dos. Au programme de la journée, Aubisque, Soulor, Spandelles et Hautacam pour achever la journée.
Les premiers kilomètres se font tranquillement, je retrouve Gretchen, Ryan, Benjamin Petit Pierre de Nice et Ben l’autre lanterne rouge, mes repères sont là, c’est parti. On quitte Pau avec la convoi sécurisé, voiture de la tête de course devant, les premiers 40 kilomètres de faux plat montant nous amène au pied de l’Aubisque, ce géant qui se dresse à plus de 1700m d’altitude, des sections à plus de 12% pour se réveiller
je commence l’ascension avec Ryan, puis me retrouve à mon rythme, je sais qu’on se retrouvera en haut au ravito. dans la vallée j’entends de la musique qui se rapproche ce sont les personnes de café Pods, qui mettent une ambiance de folie avec leur gros 4×4. Quelques lacets plus tard je tombe face à ces vélos géants que je n’avais vu qu’à la Télévision et dans les livres…
J’entame la descente avec Ryan et Sharon une irlandaise qui à remporté une fois la Haute Route, oui elle est vraiment très forte, direction le Soulor pour ensuite redescendre au pied du fameux Spandelles, ce col méconnu qui sort de nul part avec un revêtement qui ne rends pas du tout, mais au moins on est coupé de tout, en plein milieu de la nature, c’est un coin de paradis en enfer pour les petits gros comme moi.
Puis après une longue descente semée de nid de poules et de gouttières signalés par les motards de l’équipe de sécurité j’arrive face à l’ultime difficulté de la journée, Hautacam, que je monterai une fois de plus seul, décidément, cette haute route ne serait-elle pas un pèlerinage solitaire?
Je sens l’altitude m’empêcher de respirer à plein poumons comme je le voudrai, la chaleur des premiers kilomètres de l’ascension disparaissent pour laisser place à l’air frais de la montagne. Quelques kilomètres soit de longues minutes j’arrive au sommet. Je retrouve alors Ryan qui est blanc comme un linge avec Benjamin qui rigole en m’expliquant qu’il l’a un peu bousculé sur les derniers kilomètres de l’ascension.
Une fois le ventre rempli, on redescend tous les deux direction les massages – la délivrance. Le village est à Argeles-Gaszost. J’apprends que mon hôtel est à Lourdes, soit à 13 kilomètres plus loin, qui parlait de pèlerinage solitaire tout à l’heure?
Je me retrouve dans un hôtel de dingue, un 4 étoiles, avec une chambre super grande, un espace pour les vélos complètement neuf, dans lequel il y a des cabines pour chacun des vélos des visiteurs, des outils, des pompes à pieds, bref le paradis pour les cyclistes.
Je fini 97ème de l’épreuve, et donc 110ème au général, j’ai gagné 10 places!
Cette Muriel a vraiment des mains de fée!
Part 2 à suivre…