Ça y est la seule et unique Haute Route a eut lieu début Octobre, du 2 au 4 Octobre. Malgré le Covid-19 l’événement à eu lieu grace à un renforcement des mesures sanitaires supervisé par l’organisation, port du masque obligatoire sur toutes les zones réservées aux coureurs, massages, restaurants, des briefings séparés pour éviter l’accumulation des participants et les briefings suivants ont été virtuel, envoyé aux participants directement par email avec le récap’ de l’étape du jour.
C’est avec Alexandre et Xavier que nous partons de Paris sous une pluie battante jeudi 1er Octobre, les vélos chargés, nous filons en direction de Bédoin. Nous arriverons à temps pour récupérer nos dossards, faire la photo protocolaire et aller tourner les jambes, assister au briefing et célébrer le début de cette Haute Route avec la Pasta Party.

Le début du rush commence, préparation des affaires pour la course, quoi prendre, quoi mettre dans le sac, est-ce qu’il fera vraiment mauvais ou pas? Jambières? Vélotoze? Gants? Après plusieurs sites météo, le temps s’annonce vraiment très très mauvais, c’est la tempête Alex, pluie battante, vents forts, mais pas trop froid. La météo est incertaine et très changeante pour les jours suivants et nous ne savons pas encore s’il sera possible de monter au sommet du Ventoux encore…
Vendredi 2 Octobre : Étape 1
C’est parti, Fergus donne le départ fictif. On se lance groupé en, convoi neutralisé direction Malaucène, au programme, le col de la Madeleine, le mur de Suzette, le col de l’homme mort et l’ascension du Ventoux par Sault. Le départ donné à 8h, le peloton s’élance et des groupes se forment rapidement en plusieurs vagues après avoir rangé les masques dans nos poches. Je parviens à rester dans le deuxième groupe, rejoint par Alex et Xavier, puis par la suite uniquement avec Alex, nous restons avec un bon groupe, celui de Frank Schleck qui est avec des clients du Luxembourg. Il ne pleut pas mais il y a un peu de vent. Je retire ma veste de pluie car il fait chaud, 17°C, je perds le groupe et me retrouve seul. Et évidement, quelques minutes plus tard, le vent se lève et la pluie s’intensifie, un peu avant le premier Ravito, je m’arrête et remet ma veste que je vais garder toute la course je décide d’attendre un peu et je retrouve Ade (Alpcycles et Lanterne rouge de la Haute Route) et Tiago un ambassadeur que j’ai rencontré l’an dernier.

En général, Ade roule fort jusqu’au premier ravito et se laisse glisser jusqu’à la fin du peloton pour aider les derniers participants, c’est son job sur les Haute Route qu’il fait en plus d’être Tour opérateur. Je suis tranquille, je parle, je m’arrête, je rigole avec le staff, je remplis mes bidons, car il fait chaud et j’en ai déjà bu plus d’un. Bref le mec n’est clairement pas là pour faire la course.
J’attends alors un groupe pour m’économiser car la journée va être longue, au final je me retrouve à faire la locomotive avec Izo (un aficionados des Haute Route), car personne ne veut prendre des relais… La pluie et le vent se font de plus en plus forts, la pluie s’intensifie, c’est horrible, les rafales de vents sont violentes et nous font zigzaguer sur la route. Quand arrive alors le second ravito, je décide de m’arrêter une nouvelle fois, je rempli mes bidons et repars aussi tôt. Je continue dans les roues en prenant quelques relais.

J’arrive alors à l’intersection où le parcours original et compact se séparent, j’ai vraiment la pluie en horreur, je n’éprouve absolument aucun plaisir à rouler par ces conditions. Même si certains diront que l’on est mouillée qu’une fois quand on roule sous la pluie. À la bifurcation, je vois Tristan le chef de projet de la Haute Route Ventoux et ancien collègue, qui me dit : » T’es un flandrien Julien, tu vas pas faire la compacte quand même?! » Eh bien il ne m’a pas fallut plus de 3 secondes pour lui dire que j’allais tourner sur la compacte et lui dire à quel point j’adorais la pluie.
Je bifurque alors à droite direction Sault, j’évite le col de l’homme mort, et trace, seul sur le parcours.
Je parviens à doubler quelques personnes avant l’ascension, puis je suis rattrapé par la voiture « tête de course » avec Pierre-Yves au volant et Jeff, le directeur de course (tous les deux anciens collègues, annoncent à la radio que je suis en tête en rigolant car je suis sur la compacte, ce qui ne me ressemble en effet, pas du tout). Je regarde le sommet du Ventoux devenu inexistant depuis notre arrivée jeudi. Ils m’informent que la fin de l’étape sera au chalet Reynard car trop de vent, et qu’ils ont arrêté la course du parcours original au sommet du col de l’homme mort à cause de la tempête.
Du coup les participants s’arrêtent au Km 80 et des bus viendront les chercher pour plus de sécurité, un carnaval de couvertures de survie se mets en place à l’homme mort, et moi je me retrouve solo à commencer mon ascension par Sault sous des trombes d’eau… L’orage tonne, et heureusement le vent est plus calme car je suis abrité à 70% du temps. Rapidement les premiers du classement de l’original me doublent, de purs grimpeur, des coursiers affutés qui ont passé le col de l’homme mort avant que la décision d’arrêter la course soit prise. Je suis à 15km/h sur du 8%, je me fais coiffé tandis qu’ils sont à 25, fichus grimpeurs!
Je termine mon ascension au chalet Reynard, j’arriverai deuxième de l’étape de la compacte. Après un café et avoir troqué mes affaires trempés contre des affaires chaudes, veste d’hiver, arm warmers, leg warmers, gants, tour de cou et ma veste de pluie, j’entame la descente sur les freins du chalet jusqu’à Bédoin ce ne sera certainement pas ma descente la plus rapide de l’histoire mais j’arriverai entier ! La route est trempée, la visibilité mauvaise, et il y a des troupeaux de moutons qui remontent par la route.
J’attends Alex et Xavier qui arrivent avec les bus et avec leurs vélos pour manger un bout et filer ensuite au massage.
Fin de la première étape DANTESQUE qui restera dans les annales de la Haute Route.
Étape dantesque dit aussi classement chaotique. Suite à l’arrêt de la course, à l’homme mort au km 80, l’organisation décide alors de regrouper tout le monde sur la même course (soit l’originale) en ne comptant que les 10 premiers du classement avec leur temps à l’arrivée à chalet Reynard. Et pour que cela soit équitable, tout le monde à son temps intermédiaire avant la séparation du parcours qui est comptabilisé.
« Pour expliquer plus en détail la décision relative au chronométrage :
1. Pour les coureurs qui ont terminé le parcours Compact aujourd’hui, nous avons pris leur temps à la séparation du parcours entre Original et Compact (près de Montbrun-les-bains), et ajouté 2 heures et 52 minutes.
2. Pour les coureurs qui ont été arrêtés sur le parcours en raison de la météo, nous avons ajouté 3 heures et 22 minutes.
Ces temps ont été calculés sur la base du dernier coureur à avoir terminé le parcours Original aujourd’hui, plus une pénalité de 20 minutes pour les coureurs Compact et de 50 minutes pour les non-finishers.«
Je me retrouve donc 6e au classement de l’originale alors que je suis second à avoir franchi la ligne… La déception… Il faudra alors batailler pour essayer de regagner ma place les prochains jours.

Samedi 3 Octobre : Étape 2

Aujourd’hui, il va faire plus froid, au départ nous avons un petit 7°C (10 degrés de moins que la veille), de la neige est annoncée au sommet du Ventoux. Le départ est donné de Bédoin, on forme un bon groupe assez rapidement avant Méthamis, avec Alex, Stéphane, Linda, Ade, et d’autres coureurs, nous avalons la première bosse (col de Blauvac) assez rapidement puis vient l’ascension de la première difficulté de la journée, 12kms vers Saint-Hubert ou se trouvera le premier ravito.

Nous vissons et travaillons avec Alex, Ade, Stéphane dans cette ascension et rattrapons les âmes perdues du premier groupe. Nous sommes une grosse quinzaine dans le groupe et nous allons rester ensemble, on fait le tempo avec Alex jusqu’à Sault, puis après Saint-Leger du Ventoux, je me retrouve derrière une camionnette qui me bloquera l’accès au reste du peloton qui continue à vive allure, on est à 32km/h de moyenne depuis le départ, je parviens à récupérer le groupe après plusieurs efforts et un faux rythme a cause de l’automobiliste devant moi. La pluie s’intensifie, je remets mes gants, il fait 3°C.
Puis arrive le col des Astauds où je pète chaque année au même endroit, j’entame alors mon ascension seul, en voyant partir le groupe au loin. J’essaie de tout donner et me retrouve cuit a cause du froid et de la journée d’hier. Erreur de débutant… Mais je la fais chaque année depuis 2018!

Peu importe puisque je m’arrêterai à Malaucène au pied du Ventoux, hors de question que je monte sous la neige.
Je retrouve Alex qui a eu une crevaison suite à un nid de poule, on repart ensemble dans la vallée avant qu’il ne parte pour l’ascension qui s’arrêtera jusqu’à Chalet Liotard à cause de la météo. Au sommet du Ventoux, il neige, et le ressenti est de -9°C. L’organisation décide donc de placer la ligne d’arrivée plus bas.

Voilà pour l’étape deux, c’est plié, autant que moi. Je me hisse alors à la troisième place au classement général.
Maintenant c’est l’heure d’aller au massage pour se préparer au contre la montre de dimanche par Bédoin jusqu’au sommet.
Dimanche 4 Octobre: le contre la montre par le côté « classique »

Je suis appelé à 8h45 pour un départ à 9h pour terminer cette Haute Route Ventoux 2020 qui restera dans les mémoires de tous les participants. Sur la ligne, les anciens collègues sont là pour m’encourager, j’avale une barre et me mets en selle. Top c’est parti, j’attaque les premiers kilomètres qui sont plutôt faits pour moi, pas trop de dénivelé avant d’attaquer dans la foret à des pourcentages de 9% en moyenne. Cette fois ci, l’arrivée sera au col des tempêtes suite à la météo de la veille. Je rattrape rapidement les personnes qui sont derrière moi au classement général, tout en les encourageant. Le froid est présent, mais il y a peu de vent aujourd’hui, en revanche c’est assez dégagé dans la forêt. Je me fais ensuite rattrapé par le premier du classement de la compacte, je ne l’avais pas encore vu puisqu’il roulait généralement avec les premiers de l’originale. Bon voilà, un vrai grimpeur, 20kg de moins que moi, forcément ça va plus vite dans les bosses! (rires).

Je continue puis la forêt se termine, les pentes deviennent plus douces (c’est un grand mot), je passe le chalet Reynard où la visibilité est vraiment nulle, les nuages sont comme accrochés au sommet du Ventoux, je n’aurai pas vu une seule fois le sommet durant ce séjour de 3 jours. Mais vient une petite accalmie, le soleil perse et le paysage se dévoile peu de temps après avoir passé la fontaine, c’est beau, petite parenthèse avant de continuer d’appuyer sur les pédales. Comme à mon habitude je salue la Stèle de Tom Simpson.

Le col des tempêtes est devant moi il fait froid et la route est toujours autant humide, je m’accroche pour éviter de me faire reprendre par les personnes derrière moi qui sont entrain d’hurler, je ne sais pas si c’est de douleur ou pour se motiver, quoiqu’il en soit c’est assez flippant alors j’essaie de pédaler plus vite. Je termine en 1h29, en haut il fait 1°C, je récupère ma médaille mes affaires chaudes et je redescends comme il y a deux ans avec les copains d’Alpcyles en van. Nous sommes congelés. La visibilité est vraiment mauvaise, mais ne nous empêchera pas d’encourager les membres du Hitters Social Club, Xavier et Alexandre dans leurs efforts.

Au final, je fais mon premier podium, je fini deuxième, à environ 35 minutes cumulées sur les trois étapes derrière le premier. Je suis content car je n’y allais pas pour la gagne. Bref un super moment qui va rester dans ma mémoire!


Merci Haute Route, à la prochaine !
Pour celles et ceux qui ont envie de vivre un moment inoubliable : Calendrier Haute Route 2021
Photos : Photo Running, Olivier Borgognon, Ben, Zoé.
BEL article. On a un copain qui vient de terminer le Ventoux. MAIS ce fut dantesque. Son nom Sébastien DEBAYE. On en a fait deux ou trois posts. Félicitations aux finisseurs d’un tel bazar.
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